23 Mai 2014
Je suis tombé par hasard sur cet ouvrage paru fin 2013 en lisant une annonce du club d'affaires néerlandais qui avait invité l'auteur à présenter son ouvrage.
L'auteur, Ariejan Korteweg, a été correspondant permanent en France du quotidien néerlandais de qualité De Volkskrant pendant 6 ans. Cet ouvrage est en quelque sorte un adieu à ce pays avec lequel il règle en quelque sorte ses comptes.
Le titre en dit déjà long : Surplace auquel s'ajoute le sous-titre Over de ziel van Frankrijk (Sur l'âme de la France). Le terme de France y devient en quelque sorte synonyme d'immobilisme, mais ce livre n'est pas entièrement négatif, on n'est pas dans le cliché des latins bavards, sales et paresseux. Bien au contraire, c'est un travail très documenté, la bibliographie fait trois pages. Il est beaucoup plus documenté que par exemple Waarom Belgen niet kunnen voetballen en Nederlanders nooit wereldkampioen worden (de Evert van Wijk, sur la différence de mentalité entre Néerlandais et Flamands). Cela n'en fait pas pour autant un travail scientifique, ce n'est pas non plus une théorie appliquée sur l'interculturalité, Korteweg raconte beaucoup d'anecdotes personnelles, il reste en cela dans son rôle de journaliste.
La préface s'intitule « Alles roept om verandering » (Tout appelle au changement), mais le premier chapitre « Toch goed dat er Fransen zijn » (C'est quand même qu'il y ait des Français). Le charme de la France est comme le charme d'un musée, tout en France renvoie au passé, surtout à la soi-disant grandeur. La mentalité est critiquée pour son respect de la hiérarchie allié à une attente vis-à-vis de l'État qui est rendu responsable de tout. C'est ainsi que l'on attend de lui de régler tous les problèmes. On devine derrière cela une critique de la politique économique telle qu'elle est actuellement pratiquée.
Le chapitre 11 a retenu également mon attention : « Moedwillig blind voor de kleurenbom » (Délibérément aveugle à la bombe constituée par les gens colorés). C'est l'échec du modèle d'intégration à la française qui est critiquée parce que la France refuse de tenir de l'origine des immigrés, se privant ainsi d'outils qui permettraient de mieux prendre en compte les problèmes d'intégration.
L'ouvrage est agréable à lire, il est écrit dans un néerlandais d'un style bien enlevé. On peut même lire les chapitres dans le désordre, certaines parties sont des éditoriaux recyclés. Cela permet de l'utiliser à l'université pour les cours d'interculturalité de licence 3.