5 Février 2015
Dans Cultures et organisations. Nos programmations mentales, Geert Hofstede, Gert-Jan Hofstede et Michael Minkov font la synthèse de quarante ans de recherche en management interculturel dans une centaine de nations et de pays. Cet ouvrage de 2010, édité chez Pearson Education France à Paris, aide à comprendre l’importance des conflits culturels sous-jacents aux nombreuses difficultés de communication que nous rencontrons quand nous voulons négocier avec des membres issus d’autres cultures.
Les auteurs distinguent six axes essentiels qui permettent d’identifier les différences interculturelles, à savoir la distance hiérarchique, le contrôle de l’incertitude, l’individualisme opposé au collectivisme, la féminité versus la masculinité, l’orientation au court ou au long terme et l’indulgence face à la sévérité. Ces dimensions nous permettent d’appréhender à la fois les conflits qui peuvent émerger au sein des multinationales et lors de négociations internationales et les divergences de points de vue en matière d’éducation et de politique, voire même dans les relations interpersonnelles de nos vies privées.
Nous nous sommes personnellement intéressé à la question de savoir pourquoi dans une négociation (au sens le plus large possible) entre néerlandophones et francophones s’exprimant (quasi) parfaitement au niveaux lexical et morphosyntaxique dans l’autre langue, des malentendus d’origine non-linguistique empêchaient irrémédiablement l’aboutissement fructueux d’une collaboration. Néerlandais, Flamands, Wallons et Français, aussi proches soient-ils géographiquement, s’avèrent en effet différents sur plusieurs plans et la frontière culturelle ne correspond pas toujours avec le découpage traditionnel en pays ou régions, loin s’en faut…
Premièrement, puisque la programmation mentale est subconsciente, les interlocuteurs francophones et belges en général négligeaient de s’adapter à la façon dont le pouvoir est perçu comme proche aux Pays-Bas. Deuxièmement, tandis que les Flamands surtout aimaient à éviter toute situation imprévisible, les Néerlandais acceptaient assez facilement l’incertain. En outre, surtout les Wallons foncièrement masculins avaient des difficultés à estimer à sa juste valeur la féminité de la culture néerlandaise. Ce qui, n’en déplaise à nos amis flamands belges, indiquerait que la frontière culturelle ne se situe pas aux latitudes de Bruxelles, mais au nord d’Anvers !
Mais en matière psychosociologique les choses ne sont jamais simples… Si les Belges auraient principalement des visées à plus long terme, les Français et les Néerlandais penseraient plutôt aux implications pour un avenir plus proche, même si L’entreprise multiculturelle de Fons Trompenaars et Charles Hampden-Turner (Paris: Maxima, 2008) semble quelque peu contredire ce diagnostic, distinguant à nouveau les francophones (et les Belges en général) des Néerlandais. Et enfin, en termes de sévérité/indulgence, les trois cultures nationales semblaient s’opposer respectant la géographie allant de la France (la plus indulgente) à la plus sévère (les Pays-Bas). Seule une relative homogénéité au niveau de l’individualisme rapprocherait donc nos quatre cultures nationales et régionales, même si les francophones seraient en général plus collectivistes que les néerlandophones.
Notre objectif final est de dresser un bilan plus concret des écueils que ces observations pourraient nous aider à éviter dans la correspondance, tant privée que d’affaires et cela que ce soit par lettre envoyée sous enveloppe ou de façon plus « moderne », par courriel…