Chers amis du néerlandais de l'Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai et ... au delà,
Nous allons ici vous rappeler brièvement l'origine de notre initiative et ce que nous avons entrepris depuis un an maintenant après accord sur la démarche proposée d'avril 2012.
Cet article ne dévoile qu'en partie notre diagnostic et les pistes de solutions que nous proposons. Ceci constitue l'objet d'un rapport qui sera présenté en assemblée plénière du Forum de l'Eurométropole en juin 2013 prochain.
Bref historique : Cette initiative succède aux travaux préliminaires de la COPIT (projet Grootstad) (1990-2006) et aux analyses, réflexions et propositions du groupe Transfrontalia (2005-2010) : se connaître, se comprendre se parler dans l'Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai. Un projet a été déposé auprès du fonds européen INTERREG. Mais sans succès. Voici le lien du rapport du groupe Transfrontalia :
http://www.lillemetropole.fr:8030/service/webeditor/fckeditor_2.0/editor/gallery_files/site/83863/146122.pdf
Un groupe de travail a été mis en place en relation avec une note de cadrage expliquant sa démarche en mars 2012 se focalisant essentiellement sur la situation de l'apprentissage du néerlandais pour adultes dans les 3 secteurs français(F), flamand (VL) et wallon (W) de l'Eurométropole.
Le diagnostic : La volonté a été de réaliser des entretiens avec l'ensemble des parties prenantes selon la méthode connue en sciences sociales des entretiens semi-directifs. 30 entretiens ont été réalisé entre aout 2012 et mars 2013 de 1h 30 à 2 h chacun. Grâce à celui-ci, des problèmes imbriqués ont été mis en évidence et des pistes de solution identifiées. En préalable, une base documentaire informatisée a été mise en place pour donner accès aux travaux antérieurs : rapports, articles de presse ou de revues scientifiques. En outre, un blog/site expérimental que vous avez sous les yeux a été créé, sans attendre, pour rassembler et diffuser l'information concernant les possibilités offertes d'apprentissage du néerlandais dans les différents territoires de l'Eurométropole.
Les points-clés du diagnostic :
- Des motivations pour apprendre le néerlandais très différentes selon les 3 régions : globalement on apprend plus par contrainte emploi/carrière/acquisition citoyenneté que par désir et plaisir...
- Des organismes de formation avec une tutelle claire en VL et W, mais obscure, inefficace car plurielle en F.
- Une absence de coopération / mutualisation de moyens entre les organismes de formation d'une même région et entre les régions
- Une logique dominante de gestion équilibrée / de production de cours ... mais non de réussite ou de service public (continuité des cours non garantie d'une année à l'autre) à de très rares exceptions
- Des offres de formation relativement cadrées et normalisées en volume horaire total et horaire hebdomadaire en VL et en W mais très disparates et qui interrogent en F vue la maigreur du volume horaire quelquefois proposé (30 heures /an). En effet en VL et W, il existe des dispositions ("circulaires") cadrant les volumes horaires proposés, le niveau visé en fin de cours en relation avec le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) Voir en particulier : en 2010, la circulaire n°3374 https://www.box.com/s/ughaibmtfn2ymv2g9lb1 et en 2013, la circulaire n°4247, https://www.box.com/s/pcwzx5gs7p5x31n389xg
- Des enseignants/formateurs employés dans ces organismes avec des contrats précaires et peu rémunérés ; les enseignants et formateurs circulent d'un établissement à l'autre... avec pour conséquence, peu/pas de temps pour des échanges d'expérience entre profs ou du perfectionnement individuel.
- Des apprenants qui doivent résister à la démotivation induite par les abandons nombreux en 1ère année et par des conditions pédagogiques médiocres : groupes trop nombreux, hétérogénéité de niveau, non continuité assurée d'une année à l'autre de l'offre de cours.
- Un environnement peu favorable pour poursuivre au delà des cours: non-accessibilité à la presse, aux médias, livres, CD/DVD néerlandophones sauf en VL. Avec la diffusion de la télévision par ADSL à haut débit, on constate qu'on ne peut plus recevoir la télévision des voisins de l'autre côté de la frontière !
- Le néerlandais dans le supérieur : Des incertitudes menaçantes pour l'avenir universitaire du néerlandais, vu le peu d'étudiants inscrits dans les filières LEA ou LCE; cette situation est aggravée par le manque d'étudiants poursuivant en master, puis doctorat.
- Le néerlandais en primaire et secondaire : Malgré les initiatives volontaristes en primaire, peu d'élèves poursuivent en 1ère ou 2ème langue dans le secondaire en F. En outre, le territoire de la métropole lilloise est inégalement doté en établissements proposant le néerlandais ; idem en W où malgré le succès de l'enseignement primaire en immersion, peu continuent le néerlandais en 1ère langue dans le secondaire.
Quelques pistes d'action en projet :
- Fédérer tous les acteurs et parties prenantes (sous une forme juridique à définir) au sein d'un réseau porteur pour le développement du néerlandais, de son apprentissage et son usage ; aujourd'hui, toutes les parties prenantes se battent, se "dépatouillent" de manière isolée ;
- Mettre en place une fondation de soutien (ou un fonds) alimenté par des acteurs publics ou privés des trois régions destiné à pérenniser et à améliorer les actions existantes ou celles qui pourraient être proposées pour l’apprentissage du néerlandais et qui pourrait mener ou soutenir des actions de communication et de promotion du néerlandais des deux côtés de la frontière.
- Créer un lieu de rencontre, d'accueil, de conseil et de documentation ("Centre du Néerlandais de Lille") où pourraient avoir lieu des animations, conférences-débats, cafés néerlandophones en sus de prêt de livres/CD/DVD et de la possibilité de trouver la presse néerlandophone. Cette maison complètera l'apport d'information offert par le blog/site "Les amis du néerlandais - Vrienden van het Nederlands".
- Mettre en place une information/sensibilisation itinérante au néerlandais à destination des parents d'élèves, élèves et grand public (s'inspirer du concept DeutschMobil utilisé pour l'allemand).
- Réaliser une enquête périodique sur le multilinguisme NL/FR des deux côtés de la frontière linguistique.
- Cadrer (en s'inspirant des directives en place en Flandre et Wallonie) les offres de formation pour adultes sous forme d'un référentiel et pratiquer une labellisation des offres de formation.
Et maintenant ...
Bien évidemment ces pistes d'action seront évaluées, enrichies en concertation avec tous les acteurs et parties prenantes. D'ores et déjà, nous avons organisé et nous poursuivrons des rencontres exploratoires avec des universitaires, des représentants des enseignants du néerlandais du secondaire, des responsables d'associations culturelles et bien sûr des élus des territoires français, wallons et flamands de l'Eurométropole. Si vous êtes comme nous inquiet pour l'avenir du néerlandais, vue la fragilité de sa situation actuelle, vous avez la possibilité de nous contacter à amisduneerlandais@voila.fr
M.E.